Le 04 avril à 11h00, j’ai pu assister à la conférence
plénière de la Chambre des Indépendants du Patrimoine (CIP).
Le thème de cette dernière était la défense du système de
rémunération des Conseillers en Investissements Financiers (CIF). La période
est cruciale pour le jeune métier de CGPI, et la CIP a vocation à protéger et
défendre le modèle économique français.
Initialement, le cœur de la directive MIF est de mettre en place un cadre harmonisé
d'exigences organisationnelles et de conditions d'exercice régissant les Prestataires
de Services en Investissements (PSI).
Aujourd’hui, la réforme de la directive Marché et Instrument
Financier II (MIF II ou MIFID) qui est étudiée à Bruxelles, vise, entre autres
points, à rendre transparente la relation conseiller/vendeur/client. Pour cela
au commencement de sa réflexion, le législateur a privilégié la suppression
pure et simple des rémunérations des fournisseurs lorsque le conseil est donné
sur une base indépendante. Cette position a généré une « union sacrée »
des chambres syndicales CIP et ANACOFI-CIF et l’Association Française de
Gestion financière (AFG).
Brûlante, l’actualité a pourtant connu une certaine accalmie,
puisque le 27 mars dernier, le rapporteur européen de la MIF II, Marcus Ferber
a amendé le texte initial, favorisant une transparence des rémunérations plutôt
que l’interdiction de fournir des
produits répondant aux solutions conseillées.
Patrice Ponmaret, président de la CIP, se disait soulager,
mais rien n’est acquis.
Il avait invité cinq représentants, et non des moindres, de l’asset
management indépendant (: Pascale Guiller, Philippe Couvrecelle, Grégoire Scheiff,
Didier Le Menestrel, et Xavier Lépine) et un spécialiste de la distribution de
produits financiers ( :Eric Franc). Chacun d’eux a pris la parole afin d’expliquer
sa position et son rôle dans le lobbying nécessaire auprès aussi bien des
autorités de contrôle que du législateur français et/ou européen afin de faire
entendre la voix des indépendants français.
Ils ont tous souligné l’importance du rôle de l’AFG, dont le
président Paul-Henri de la Porte du
Theil a été l’invité surprise.
Pascale Guiller, secrétaire générale de
Carmignac, a indiqué que l’origine de la position du législateur européen est
un rapport de consultation des intermédiaires en 2010, et que la question de la
rémunération des indépendants n’était que la 103ème question (« que
pensez-vous de la suppression des retrocessions ? ») d’un document extrêmement
lourd. Alerté par l’AFG, son action a été de rencontrer et d’expliquer le
business model au niveau européen, afin de faire comprendre le sens de l’indépendance
« à la française ».
Philippe Couvrecelle, président du directoire
d'Edmond de Rothschild AM, s’est attaché à décrire son action auprès de l’Autorité
des Marchés Financiers (AMF), afin de protéger le modèle économique de la
distribution et de la production industrielle de solutions financières
indépendantes.
Grégoire Scheiff, Directeur associé DNCA, a
insisté pour sa part sur l’importance d’agir auprès des politiques, aussi bien
français qu’européens, relatant son intervention auprès de Pascal Canfin
réceptif à ses arguments.
Didier Le Menestrel, cofondateur et président
de La Financière de l'Echiquier, a insisté sur la notion d’indépendance, ne se
sentant pas légitime d’intervenir au niveau européen. Il a apporté le soutien
de La Financière en soulignant que le marché de la distribution était phagocyté
par les réseaux. Il a remarqué que les CGPI devaient apprendre à être un métier
moderne en développant son action de lobby, comme peut le faire New City Initiative
en Angleterre. C’est donc pour lui plus le rôle des associations représentatives.
Xavier Lépine, Président du Directoire La Française AM, a
lui rappelé, avec une vue plus théoricienne, les enjeux de cette réforme, en
précisant que celle-ci n’était pas forcément au bénéfice de l’investisseur
final, puisque, selon lui, cette situation pourrait entraîner plus de
concentration des acteurs, la discrimination des indépendants et une perte
réelle de l’architecture ouverte et donc une distorsion de la concurrence entre
indépendants et les grands réseaux bancaires. Il a donc souligné que son action
n’était pas en position de demandeur, mais de demandé en étant un acteur
incontournable consultatif de l’évolution métier et en participant à des groupes
de discussion, notamment à l’AMF. Il a justifié parfaitement l’existence des rétrocessions,
par les obligations induites (reporting, formation, contrôle, déontologie,
information).
Enfin Paul-Henri de la Porte du Theil, président de l’AFG,
a juste mis en exergue que la situation n’était pas gagnée, du fait de son
dernier rendez vous avec Markus Ferber. Arrivé empli d’optimisme, il en est
sorti inquiet. En effet, le rapporteur n’est pas majoritaire au Parlement
européen ; la mobilisation est de mise.
Le planning législatif a été précisé. La 04
mai l’amendement Ferber sera discuté par le Parlement, et vers la fin juin, se
déroulera le vote final.
La MIF II ne comprend pas les produits d’assurance,
le prochain combat est donc tout trouvé : la Directive Intermédiation en Assurances II (DIA
II).
Le jeu des questions réponses s’est ensuivi. Même si les intervenants
ont refusé de trouver des coupables à ce renforcement des obligations des
indépendants, ils ont expliqué que tant que la notion d’indépendance ne sera
pas uniformisée, subsistera un vide
législatif à combler, et que le législateur technocratique a tout d’abord décidé
d’obérer le développement de l’indépendance en simplifiant naïvement le
problèmes et n’y remarquant pas forcément tous les enjeux et précautions prises
par les indépendants. Ils ont également
admis que les lobbys anglais avaient plus de poids que les acteurs français
auprès des autorités européenne législatives, appuyant qu’ils essayaient d’étendre
leur modèle à l’ensemble des pays européens. Enfin, les grands réseaux ont à
peine été mentionnés , afin de ne choquer les sensibilités mais ils seraient
les gagnants d’une règlementation renforcée, même si elle pourrait, aussi, dans
un futur proche les toucher.
Enfin, Patrice Ponmaret est revenu, avec verve, sur le rôle
primordial et d’avant-garde des Conseillers de Gestion de Patrimoine
Indépendant (CGPI), à l’origine de toutes les initiatives d’accompagnement, de
diversification et d’accès au marché pour l’investisseur particulier.